Saint-Vincent-de-Paul

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Le secteur que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Saint-Vincent-de-Paul correspond au territoire de la municipalité de la ville de Saint-Vincent-de-Paul, constituée le 23 janvier 1952, en détachement de la municipalité de la paroisse du même nom, devenue plus tard Duvernay​.

Le noyau villageois de la paroisse de Saint-Vincent de Paul s’organise d’abord autour de la première église paroissiale. Dès la seconde moitié du 19e siècle, plusieurs institutions s’implantent dans ce secteur, ce qui façonne son développement.

Notons la construction du Collège Laval, en même temps que l’église actuelle de Saint-Vincent-de-Paul, en 1854, ainsi que l’ouverture du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul en 1873. 

Le secteur, alors connu sous le nom d’ « arrondissement du village de Saint-Vincent-de-Paul », devient rapidement le plus urbanisé du territoire de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul, avec une population parmi laquelle on compte des marchands, des avocats, des notaires, des médecins et d’autres membres de professions libérales.

Du point de vue des infrastructures urbaines, le village fait l’objet d’une attention particulière tôt dans son histoire, avec la confection de trottoirs en bois dès 1913 et le macadamisage (recouvrement en macadam) de certains chemins peu de temps après. Des trottoirs en ciment seront construits plus tard, soit en 1931.

Le 3 mars 1920, le conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul adopte une résolution en faveur d’entreprendre auprès du gouvernement fédéral des démarches visant à « (…) donner une eau potable et la lumière électrique dans toutes les maisons de l’arrondissement (…) ».

Le 22 novembre 1920, on adopte le règlement 11 prévoyant l’implantation d’un réseau électrique desservant le village, que l’on désignera dès lors, dans les registres de la municipalité,  d’« arrondissement d’énergie électrique du village de Saint-Vincent-de-Paul ».

Au fil des années suivantes, le réseau d’égout et d’aqueduc du village se développe graduellement. Ce développement est sans doute relié aux besoins de la population, mais aussi des institutions installées dans ce secteur. 

Les archives témoignent d’ailleurs d’une certaine collaboration entre les autorités municipales et les grandes institutions de Saint-Vincent-de-Paul. Par exemple, au printemps 1928, la municipalité demande au Ministère de la Justice de permettre aux autorités du pénitencier d’affecter une vingtaine de détenus à l’entretien du chemin de la Grande-Côte, aujourd’hui le boulevard Lévesque, dont une partie était obstruée par les glaces, ce qui nuisait à l’accès au village. 

En bref, le village de Saint-Vincent-de-Paul se développe, au fil des ans, en tant qu’un centre urbanisé à l’intérieur de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul, autrement essentiellement rurale.

Les besoins en services municipaux du village deviennent différents de ceux du reste de la municipalité et sont perçus, par certains, comme une dépense supplémentaire.

Lors de la séance du conseil municipal du 3 février 1947, on prend connaissance d’une demande des contribuables dits « des rangs » souhaitant que le territoire soit scindé en 2, de manière à ce que le village devienne une municipalité distincte. Le conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul présente à cet effet une requête auprès de la Commission des affaires municipales du Québec. Selon les procès-verbaux datant de 1949, celle-ci entreprend cette démarche dans le but de « protéger la classe agricole ».

C’est dans ce contexte que le noyau villageois de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul est érigé en tant que la ville de Saint-Vincent-de-Paul, le 23 janvier 1952. Son conseil municipal tient sa première séance 5 jours plus tard. Le maire Léopold Beausoleil, jusque-là maire de la municipalité de la paroisse, prend la tête de l’administration de la nouvelle ville.

Les édifices municipaux, incluant l’hôtel de ville, passent alors aux mains de la nouvelle ville de Saint-Vincent-de-Paul, mais certains équipements seront partagés entre les 2 municipalités. 

La ville de Saint-Vincent-de-Paul poursuit son développement urbain durant les 13 années de son existence, jusqu’à l’inclusion de son territoire dans la nouvelle Ville de Laval en 1965.

Parmi les événements marquants dans cette municipalité, notons l’inauguration d’une piscine municipale, qui se trouve sur le site de l’actuel Centre de la nature et d’un parc industriel, tous 2 en 1962. 

Toujours en 1962, le 17 juin, Saint-Vincent-de-Paul est secouée par une émeute déclenchée par des détenus à l’intérieur des murs du pénitencier fédéral situé sur son territoire. Ce soulèvement entraîne la mort d’un prisonnier et la destruction de 9 édifices du complexe. L’incendie mobilise notamment les ​pompiers de la municipalité, qui doivent combattre les flammes durant 27 heures.  ​

Au moment de la création de la Ville de Laval, en 1965, la ville de Saint-Vincent-de-Paul se positionne au 2e rang des 14 municipalités fusionnées en ce qui concerne la densité de sa population, derrière Pont-Viau. 

La toponymie de Saint-Vincent-de-Paul

La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Saint-Vincent-de-Paul, nommés avant 1965.

Le 4 octobre 1954, la ville de Saint-Vincent-de-Paul adopte le règlement 42, officialisant l’acquisition de cette rue par la municipalité ainsi que l’attribution de son toponyme, soit Aldéric-Desautels.

Ce nom rappelle la mémoire de monsieur Aldéric Desautels, échevin de la ville de Saint-Vincent-de-Paul du 19 février 1952 au 2 novembre 1959.

La rue Beausoleil est nommée ainsi en vertu du règlement 42 de la ville de Saint-Vincent-de-Paul, adopté le 4 octobre 1954.

Ce nom rappelle la mémoire de Léopold Beausoleil (Saint-Vincent-de-Paul, Laval, 29 novembre 1890 – 2 janvier 1969), maire de la municipalité de la paroisse Saint-Vincent de Paul du 5 juin 1951 au 14 janvier 1952, puis maire de la ville de Saint-Vincent-de-Paul du 23 janvier 1952 au 1er février 1956.  

En 1949, il participe à la fondation de la Caisse populaire de Saint-Vincent-de-Paul et il en est le président pendant 8 ans. De plus, monsieur Beausoleil assure les fonctions de marguillier de la paroisse de Saint-Vincent de Paul pendant 3 ans et de président de la Commission scolaire de Saint-Vincent-de-Paul pendant 5 ans. Il s’éteint dans sa ville natale le 2 janvier 1969.

L’avenue Bellevue est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul adoptée le 5 octobre 1931.

Le nom de l’avenue Bellevue fait référence à son emplacement géographique, puisque la voie longe en partie la rivière des Prairies et offre une belle vue sur cette dernière.

Avenue Bellevue
Carte postale de l’avenue Bellevue, vers 1930.
Crédit photo: Collection de dons privés, don de Sylvie Lebrun

L’avenue Lionel-Gauthier est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Saint-Vincent-de-Paul adoptée le 4 août 1958.

Ce nom rappelle la mémoire de Lionel Gauthier, échevin de la ville de Saint-Vincent-de-Paul. Entré en fonction le 6 février 1956, il occupe le siège numéro 5 du conseil municipal. 

Défait aux élections de 1962 qui ont favorisé le candidat Raymond Jobin, M. Gauthier quitte le conseil municipal le 10 novembre 1962. Il gagne de nouveau son siège le 9 avril 1963 à la suite du décès de son successeur survenu quelques semaines auparavant. 

Lionel Gauthier conserve le poste d’échevin de la ville de Saint-Vincent-de-Paul jusqu’à la création de la Ville de Laval, le 6 août 1965.

L’avenue Raymond-Jobin est nommée ainsi par la ville de Saint-Vincent-de-Paul en vertu du règlement 456, un règlement d’attribution de toponymes, adopté le 9 avril 1963.

Ce nom de rue honore la mémoire de Raymond Jobin, échevin de la ville de Saint-Vincent-de-Paul. Entré en fonction le 10 novembre 1962, M. Jobin ne participe qu’à quelques séances du conseil, et il meurt le 4 mars 1963. 

Le nom de l’avenue Seigneur-Lussier rappelle la mémoire de Félix Lussier, seigneur de Varennes et d’une partie de Boucherville. 

En 1863, Lussier fait l’acquisition d’un manoir à Saint-Vincent-de-Paul construit vers 1847 par Clément-Charles Sabrevois de Bleury. 

En 1865, il le donne à son fils Hector. Le manoir des Lussier est détruit lors d’un incendie survenu en 1957.

Pont Lussier
Un autre lieu à Saint-Vincent-de-Paul portait le nom de Lussier, soit le pont Lussier, qui enjambait le ruisseau La Pinière au niveau de l’actuel boulevard Lévesque.
Crédit photo: Collection de dons privés, don de Jean Guy Gratton

Saint-Vincent-de-Paul en images

Documents d’archives intégraux

Règlement 11 de la municipalité ​de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul concernant l’électrification du village, adopté le 10 novembre 19201

  1. Source : Fonds de la cité de Duvernay (M3/B3-352)​ ↩︎