Le 10 septembre 1904, Vimont est créée sous le nom de la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar, par proclamation du lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Fait unique dans l’histoire de l’île Jésus : son territoire est composé de parties de 3 municipalités de paroisse, soit Sainte-Rose de Lima, Saint-Vincent de Paul et Saint-Martin.
La municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar couvre le territoire de la paroisse catholique du même nom. Celle-ci avait été créée en 1901, soit 3 ans avant la municipalité, afin de desservir une population jugée trop éloignée des autres églises paroissiales.
À sa création, la municipalité compte de vastes étendues agricoles ainsi que 3 petits noyaux villageois : Village Saint-Elzéar, Canton Bélanger et Cap Saint-Martin.
Le Village Saint-Elzéar est situé approximativement au coin des actuels boulevards des Laurentides et Saint-Elzéar, près de l’église paroissiale. Canton Bélanger et Cap Saint-Martin, pour leur part, sont développés respectivement à l’est et à l’ouest de l’actuel boulevard des Laurentides, à proximité de la voie ferrée et des carrières où travaillent la majeure partie de leurs habitants.
Le 7 octobre 1904 se tient la première assemblée des électeurs municipaux, au cours de laquelle lesdits électeurs sont appelés à se prononcer sur l’établissement du premier conseil municipal de Saint-Elzéar.
Le procès-verbal de cette assemblée témoigne grandement des occupations des résidents de cette municipalité à l’époque. On peut y lire que, sur proposition de citoyens tels qu’Alfred Lavoie, Hormidas Prévost et Willie Prévost, tous 3 tailleurs de pierre, ainsi que d’Isaïe Brunet, carrier, les premiers conseillers municipaux de Saint-Elzéar seront les cultivateurs Joseph Desjardins, Gédéon Gauthier, Onésime Prévost, Ulric Vanier et Joseph Dagenais, les entrepreneurs Léon Paquette, Isaïe Desormeaux ainsi que le marchand Camille Provost.
Adélard Monette, entrepreneur, devient pour sa part le premier maire de Saint-Elzéar.
Au cours des premières années de son existence, Saint-Elzéar évolue autour des villages de Cap Saint-Martin, Canton Bélanger et Village Saint-Elzéar, lesquels constituent des secteurs distincts, auxquels on fait abondamment référence pour désigner un lieu ou un autre de la municipalité.
Encore aujourd’hui, on associe souvent Cap Saint-Martin à la municipalité de la paroisse de Saint-Martin, d’où le territoire de ce village s’est détaché en 1904.
Sans doute dans le but de remédier à cette association, le conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar adopte une résolution, le 6 février 1924, visant à changer le nom de Cap Saint-Martin pour celui de Cap Saint-Elzéar.
Critiquée par la population locale, qui dépose une pétition afin de manifester son opposition au changement de nom, cette décision est abrogée par le conseil municipal, le 12 mars 1924. L’appellation Cap Saint-Martin demeure donc en vigueur, témoignant ainsi de l’histoire de ce village.
Le 7 mai 1924, la municipalité fait un pas vers la modernité en adoptant un règlement visant l’implantation de l’électricité sur son territoire.
La zone touchée par ce projet longe le boulevard des Laurentides (alors appelé le boulevard Taschereau), du rang Saint-Elzéar (aujourd’hui le boulevard Saint-Elzéar) jusqu’aux limites de la paroisse Saint-Christophe, laquelle allait devenir la municipalité de Pont-Viau 2 ans plus tard, soit en 1926.
Plus spécifiquement, le projet vise à électrifier Village Saint-Elzéar, Canton Bélanger et Cap Saint-Martin. On prévoit d’ailleurs l’installation d’au moins 10 lampadaires d’une puissance de 100 watts chacun, dont 3 dans chacun des noyaux villageois.
Le lampadaire supplémentaire allait être implanté face à la propriété de monsieur Paul Fallot, mécanicien, laquelle était située à un point central du territoire de la municipalité, soit sur le boulevard Taschereau, à mi-chemin entre les 3 villages.
Mis à part l’exploitation de quelques carrières dans les secteurs de Canton Bélanger et de Cap Saint-Martin, Saint-Elzéar demeure majoritairement agricole pendant de nombreuses années, tout comme plusieurs autres municipalités de l’île Jésus.
De nombreux documents d’archives de la municipalité témoignent d’ailleurs de la vie rurale qui s’y déroulait. Citons, par exemple, les règlements concernant la répression de la pyrale du maïs, un insecte qui faisait des ravages dans les champs du Québec à l’époque.
Cependant, à l’instar de plusieurs autres secteurs, Saint-Elzéar voit son développement s’accélérer lors de l’explosion du développement de la banlieue de Montréal, dans les années 1950. C’est dans ce contexte que la municipalité atteint le statut de ville et change de nom pour celui de la ville de Saint-Elzéar, le 2 février 1956.
De nouvelles rues résidentielles émergent de chaque côté du boulevard des Laurentides, où diverses entreprises de construction y bâtissent des maisons, principalement des bungalows.
Le 24 novembre 1962, la ville de Saint-Elzéar change de nom pour celui de la ville de Vimont, ce qui donne lieu à d’importantes célébrations.
Au cours de la même période, la municipalité se modernise en se dotant notamment d’un hôtel de ville, où sont intégrés plusieurs services municipaux, dont la station de pompiers. Par ailleurs, des parcs municipaux ainsi que 2 piscines extérieures sont également inaugurés.
Au cours de la première moitié des années 1960, le territoire de Vimont devient 2 fois plus densément peuplé et la population totale de la municipalité augmente de plus de 150 %. Elle passe en effet d’un peu plus de 4 000 âmes, en 1961, à plus de 10 000, peu de temps après la création de la Ville de Laval, en 1966.
Pendant cette période, Vimont est la municipalité de l’île Jésus dont la croissance de la population est la plus rapide, avec un taux d’accroissement annuel moyen d’un peu plus de 20 %. À titre comparatif, la moyenne de l’île Jésus pour la même période est d’environ 10 %.
La toponymie de Vimont
La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Vimont, nommés avant 1965.
La rue Aimé-Séguin est nommée en vertu de la résolution numéro 2 de la séance du 24 octobre 1958 du conseil municipal de la ville de Saint-Elzéar.
Ce nom de rue rappelle la mémoire de J. Aldéric Aimé Séguin (Montréal, Québec, 23 avril 1901 – Laval, Québec, 20 janvier 1970), prêtre catholique.
À la suite d’études classiques au Séminaire de Sainte-Thérèse et au Collège Sainte-Marie, Aimé Séguin poursuit des études en théologie au Grand Séminaire de Montréal, avant d’être ordonné prêtre le 29 mai 1926.
Professeur de mathématiques au Collège Saint-Jean sur Richelieu de 1926 à 1928, l’abbé Séguin est ensuite vicaire dans diverses paroisses de la région de Montréal, dont celle de Saint-Vincent-de-Paul ( aujourd’hui un secteur de la Ville de Laval ), en 1942 et 1943.
De 1946 à 1952, il revient à l’enseignement, donnant des cours d’apologétique et de philosophie à l’École Le Plateau. Le 8 septembre 1952, il est nommé curé de la paroisse de Saint-Elzéar de l’île Jésus, aujourd’hui située dans le quartier Vimont, où il est très impliqué auprès de ses paroissiens, particulièrement les jeunes.
Il y fonde d’ailleurs le « Club des 4H » de Saint-Elzéar et permet annuellement à plus de 200 enfants de se rendre à sa propriété du lac Pimbina, à Saint-Donat.
En 1966, l’abbé Aimé Séguin se retire de la vie paroissiale et s’installe dans sa résidence du secteur d’Auteuil, à Laval, sur la rue de Parme. Il s’éteint le 20 janvier 1970.
La rue Édouard-Pagé est nommée en vertu de la résolution numéro 9 de la séance du 8 septembre 1959 du conseil municipal de la ville de Saint-Elzéar.
Ce nom rappelle la mémoire d’Édouard Pagé, maire de la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar, du 3 janvier 1931 au 20 janvier 1944.
La rue Joseph-Prévost est nommée en vertu de la résolution numéro 6 de la séance du 6 février 1961 du conseil municipal de la ville de Vimont.
Ce nom rappelle la mémoire de Joseph Prévost, ancien propriétaire d’une partie des lots formant aujourd’hui cette rue.
Domicilié sur le boulevard Saint-Elzéar, à proximité de l’entrée de cette rue, monsieur Prévost est fonctionnaire pour la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar ( aujourd’hui le quartier Vimont ).
De 1929 à 1938, il signe les rôles d’évaluation de la municipalité à titre d’évaluateur. Du 5 septembre 1936 au 18 août 1939, il en est le secrétaire-trésorier.
Vimont en images
Documents d’archives intégraux
Extrait d’un registre de procès-verbaux de la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar datant du 7 mai 1924, où on peut lire le texte du règlement visant l’implantation de l’électricité et de l’éclairage dans la municipalité1.
Règlement 16 de la municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar concernant la répression de la pyrale du maïs et datant de 1941. (Extrait du registre de règlements de la municipalité.)2