Auteuil tire ses origines de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima qui, au fil des années, a été morcelée pour permettre la création de plusieurs autres municipalités de l’île Jésus.
La paroisse de Sainte-Rose de Lima, créée en 1740, est érigée en municipalité de façon définitive en 1855. Son territoire est à l’origine plutôt vaste, couvrant le centre et une partie de l’ouest de la moitié nord de l’île Jésus. Au fil de son histoire, les frontières de cette municipalité sont abondamment modifiées.
Dès le 1er janvier 1858, une première modification de son territoire entre en vigueur, alors que le village de Sainte-Rose est érigé en corporation municipale. Ce noyau urbain, qui deviendra rapidement une ville, est le secteur que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Sainte-Rose.
En 1904, une partie du centre-sud de la paroisse est retranchée à la municipalité afin de constituer l’extrémité nord de la nouvelle municipalité de la paroisse de Saint-Elzéar, qui deviendra plus tard Vimont.
Dix ans plus tard, la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima est pratiquement scindée en 2, alors que la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose est créée. Le territoire de cette dernière correspond au secteur actuel de Fabreville, à la majeure partie de Laval-Ouest ainsi qu’à une petite partie de Laval-sur-le-Lac.
En 1954, la ville de Sainte-Rose annexe d’abord quelques parties de lots de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima, faisant suite à une demande de citoyens désirant bénéficier des services offerts par celle-ci. Puis, en 1960, elle annexe l’extrémité ouest de celle-ci, comprenant l’ensemble des terres situées à l’ouest du chemin de fer Canadien Pacifique. Aujourd’hui, ce territoire correspond entre autres au quartier Champfleury et au nord du quartier industriel central de Laval.
Malgré tous ces retranchements, la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima continue d’exister à travers les époques. En 1960, elle change de nom pour celui de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose-Est puis, le 7 février 1961, elle obtient les lettres patentes qui érigent son territoire en municipalité de ville, sous l’appellation de ville d’Auteuil.
La municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima est d’abord, comme la majeure partie de l’île Jésus à l’époque, un secteur agricole. Les archives municipales nous révèlent peu d’information sur la vie quotidienne qui s’y déroulait, les projets particuliers de la municipalité étant plutôt rares. À cette époque, l’essentiel des décisions des autorités municipales, consignées dans les registres de procès-verbaux et les règlements municipaux, concernent la confection et l’entretien des chemins, des ponts et des cours d’eau servant au drainage des terres agricoles.
C’est sous le signe de la stabilité qu’évolue la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose en tant que secteur agricole. Puis, à la toute fin de l’année 1933, un premier vent de modernité y souffle. En effet, on adopte le règlement 68, établissant les conditions selon lesquelles la compagnie d’électricité Shawinigan Water and Power s’installera pour offrir ses services à la population. Outre l’avènement de la villégiature dans la municipalité, l’implantation de l’électricité est le principal événement marquant dans l’histoire de ses premières années, jusqu’à son développement comme secteur résidentiel, à la fin des années 1950.
Auteuil se développe également en tant que lieu de villégiature, notamment en raison de sa proximité avec la rivière des Mille Îles. Des documents d’archives témoignent que, dès les années 1920, des gens dont l’adresse principale est à Montréal louent des propriétés situées près de la rivière et appartenant à un certain Paul Goyer, également Montréalais, dans le secteur qui sera rapidement connu sous le nom de Parc-des-Érables. À la même époque, Paul Goyer était également propriétaire de plusieurs lots dans le secteur de Plage-des-Îles, dans la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose, devenue Fabreville.
Les estivants fréquentent notamment les différentes plages exploitées sur le territoire de la municipalité. La plupart sont accessibles à partir du chemin qu’on appelle à l’époque la Grande-Côte, devenu depuis l’avenue des Terrasses. Notons parmi celles-ci le Domaine Idéal, où on trouve un restaurant et une salle de danse, ainsi que les plages Venise et Jacques-Cartier. Le phénomène des plages et des salles de danse devient suffisamment important dans la paroisse de Sainte-Rose pour que son conseil adopte une règlementation à ce sujet, le 7 juin 1934. Le règlement en question ordonne notamment la fermeture des salles de danse le dimanche, l’aménagement des lieux de baignade loin des chemins publics ainsi que l’obligation pour les baigneurs qui les fréquentent de porter « (…) un costume de bain réputé décent (…) ».
La population estivale augmente constamment, tout comme le nombre de chalets sur le territoire de la municipalité. C’est entre autres ce qui motive, le 3 novembre 1942, l’adoption d’un règlement ordonnant l’attribution d’un numéro d’immeuble à toutes les maisons. Dans le texte du règlement, on peut lire qu’ « (…) il est nécessaire de numéroté chaque maison de tous les contribuables de cette municipalité, notamment les maisons construites sur les plages et habitées par des villégiaturistes durant la belle saison où il est souvent difficile de localiser avec précision les propriétaires des lots (sic)». Dans un document rédigé par la ville d’Auteuil plusieurs années plus tard, soit en 1964, on mentionne que la population estivale s’élève alors à 2 000 personnes, logées dans environ 450 chalets.
Au fil du temps, une partie de la population d’été s’installe de façon permanente. C’est du moins le cas d’Adrien Dussault, Montréalais d’origine, qui acquiert un terrain dans cette municipalité en 1947, afin d’y construire un chalet pour pratiquer le plein air et la pêche. 10 ans plus tard, soit en 1957, il fait construire sa résidence permanente sur ce même terrain. En 1961, M. Dussault devient le maire de la ville d’Auteuil et demeure en poste jusqu’à la création de la Ville de Laval.
Dès la fin des années 1950, tout comme dans plusieurs autres secteurs de l’île Jésus, les projets résidentiels lancés par des promoteurs immobiliers se multiplient à Auteuil. Ceux-ci s’installent principalement de part et d’autre de son artère principale, le boulevard des Laurentides. Vers le milieu des années 1960, ce type de développement vient confirmer le caractère résidentiel de la municipalité, alors que la majorité de sa population travaille à Montréal.
Au cours de cette même période, des commerces de proximité, comme des boucheries, des restaurants ou des salons de coiffure, commencent à s’installer à Auteuil, le long du boulevard des Laurentides. Toutefois, les services de loisirs tardent à s’y développer. En effet, en 1964, il n’y a qu’un seul parc sur le territoire et aucune bibliothèque ne s’y retrouve, comme c’est pourtant le cas dans plusieurs autres villes de l’île Jésus.
Quelques mois après la création de la Ville de Laval, soit au début de 1966, la population permanente d’Auteuil s’élève à 5 925 personnes, comparativement à 2 603 personnes en 1961, une augmentation de 127 % en 5 ans.
La toponymie d’Auteuil
La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur d’Auteuil, nommés avant 1965.
Le 22 décembre 1961, la ville d’Auteuil adopte le « Règlement touchant la délimitation et la dénomination de secteurs pour la toponymie de la ville d’Auteuil et le changement du nom actuel de certaines rues pour un autre nom conforme à la dénomination des secteurs ». Avec celui-ci, on instaure un système voulant que chacun des noms de rue des différents secteurs de la municipalité commence par la même lettre. En plus de délimiter les secteurs de dénomination selon l’ordre alphabétique établi, ce règlement prévoit plusieurs changements de noms de rue :
- l’ancienne rue Thibault devient la rue Pajou
- la 1ère avenue Brodeur et la rue Saint-Paul deviennent la rue Pascal
- la rue Sainte-Marie devient la rue Péguy
- la rue Fortin devient la rue Pépin
- la rue Blain devient la rue Percier
- les rues Michel et Maccabée deviennent la rue Piron
- la rue Boisvert prend le nom de rue de Provence
- la rue Robert est désormais nommée rue Puget
- la 2e avenue Brodeur et la rue Beauchemin deviennent la rue Prieur (devenue depuis la rue Poupart)
Ce règlement prévoit également l’attribution d’un nouveau toponyme, soit la rue Breton, devenue depuis la rue Bégon.
L’avenue des Lacasse est nommée officiellement, sous cette forme, par le conseil municipal de la ville d’Auteuil le 9 février 1961, en vertu de la résolution 1961-19.
Cette voie de communication était connue sous le nom de « côte des Lacasse » depuis le 19e siècle, nom rappelant celui d’une famille de cultivateurs installée dans ce secteur à l’époque. Jadis, ce chemin a également été appelé « Petite-Côte », mais la présence d’un homonyme avait motivé un changement de nom. En effet, un autre chemin nommé « Petite-Côte » (correspondant aujourd’hui à des parties de l’actuel boulevard Dagenais, du chemin de la Petite-Côte et du boulevard Bellerose) était situé plus au sud.
La signification du nom de l’avenue des Perron serait étroitement liée à un épisode de l’histoire de cette voie de communication, notamment relaté par l’abbé Joseph-Urgel Demers, ancien curé de la paroisse de Sainte-Rose, dans son livre portant sur l’histoire de sa paroisse.
En 1789, les catholiques habitant le long de ce chemin sont officiellement rattachés à la paroisse de Sainte-Rose. À l’époque, une voie de circulation, que l’on appelle alors la « Petite-Côte », devait permettre l’accès à l’église paroissiale. Néanmoins, son développement est freiné par 2 propriétaires terriens de confession protestante qui s’opposent à ce qu’un chemin public soit aménagé à travers leurs terres.
La population habitant dans le secteur de cette « Petite-Côte » multiplie en vain les démarches auprès des autorités en place afin qu’une voie soit construite. Vers 1799 ou 1800, les citoyens menés par 2 cultivateurs nommés « Perron » se rendent sur les terres des opposants et construisent eux-mêmes le prolongement du chemin leur permettant l’accès à leur église.
Le 20 mai 1801, le grand-voyer Paul Lacroix, devant le fait accompli, attribut le nom de « Côte des Perron » à cette voie de communication afin de la distinguer d’une autre « Petite-Côte » située à proximité (devenue depuis l’avenue des Lacasse).
L’expression « Petite-Côte » était répandue à l’époque pour désigner une voie de circulation située à l’intérieur des terres, par opposition à une « Grande-Côte », qui était généralement aménagée à proximité d’un cours d’eau.
Le 9 février 1961, le nom de la côte des Perron est modifié par l’administration de la ville d’Auteuil et devient l’avenue des Perron (résolution 1961-19).
Auteuil en images
Documents d’archives intégraux
La gestion des cours d’eau, encadrée par les municipalités depuis 1855, existait sous une forme bien similaire avant l’implantation du régime municipal, comme le témoigne ce document datant de 1839, l’un des plus vieux documents conservés aux archives de la Ville de Laval1.
Règlement 174 de la ville d’Auteuil établissant notamment le système alphabétique des noms de rue toujours en vigueur sur une partie du territoire de la municipalité ainsi que le plan associé au règlement2.