Le territoire de Fabreville était initialement connu sous le nom de la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose et simplement appelé « Sainte-Rose Ouest » par la population locale. Ce n’est que le 21 février 1957 que le nom de « ville de Fabreville » est attribué à la municipalité, alors qu’elle change de statut.
Créée le 17 juin 1914, la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose porte alors un nom très représentatif de son territoire, puisqu’elle est constituée de tout l’ouest de ce qui était connu jusque-là comme la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose.
Le territoire situé à l’est de la paroisse continuera d’exister sous ce nom avant de devenir, beaucoup plus tard, la ville d’Auteuil.
Sainte-Rose Ouest est d’abord et avant tout, comme bien d’autres endroits sur l’île Jésus, un secteur rural. Au cours des premières années de son existence, les principales activités de la municipalité sont liées à l’entretien des chemins, comprenant leur macadamisage et leur pavage en pierres.
Une résolution adoptée lors de la séance du conseil municipal du 12 avril 1922 illustre en partie les techniques employées, ainsi que les conditions de travail liées à l’entretien des chemins. Il est résolu : « Que le conseil fixe et établisse le prix des différents employés qui vont travailler au chemin cet été, pour un homme avec un cheval et un tombereau par jour de 10 heures 3,75 $, pour un homme avec deux chevaux pour l’arrosoir conduit à la demande du rouleur 4,75 $, un homme seul 2,25 $, un homme pour mettre la pierre dans le casse pierre 2,75 $ (sic) ».
Notons que plusieurs chemins que l’on emprunte encore aujourd’hui existaient même avant la création de la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose. On y trouvait la Petite-Côte de Sainte-Rose, qui correspond en général à l’actuel tronçon du boulevard Dagenais Ouest dans le quartier Fabreville, la Grande-Côte, qui correspond au boulevard Sainte-Rose dans ce secteur, ainsi que la montée Montrougeau. Il va sans dire que leur allure à bien changé depuis le début du 20e siècle, mais leur tracé demeure généralement le même.
Outre les activités agricoles, la villégiature se développe elle aussi rapidement sur le territoire de la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose. En effet, comme dans plusieurs autres municipalités riveraines, des estivants, souvent originaires de Montréal, achètent ou louent des chalets aux abords des rivières qui bordent l’île Jésus.
Les archives révèlent les premiers signes du développement d’un lieu de villégiature à Sainte-Rose Ouest vers 1920. Au rôle d’évaluation de cette municipalité, on constate alors que le lot 120 du cadastre de la paroisse de Sainte-Rose, propriété de Monsieur Paul Goyer, résident de Montréal, est déjà subdivisé en 53 terrains non construits, dont 3 identifiés comme rues. À la même époque, Paul Goyer est également propriétaire des lots qui constitueront le lieu de villégiature nommé Parc-des-Érables, à Auteuil.
Durant les années 1930, plusieurs des terrains créés sur le lot 120 sont acquis. Les acheteurs sont principalement des Montréalais cherchant la quiétude et la proximité de la rivière des Mille-Îles. Ainsi, la population d’été de Sainte-Rose Ouest s’établit tranquillement, et ce secteur est alors connu sous le nom de Plage-des-Îles. En 1944, sa population estivale devient suffisamment importante pour qu’on y érige la chapelle de Saint-Léopold-des-Îles, rattachée à la paroisse catholique de Sainte-Rose.
D’autres lieux de villégiature se développent également sur le territoire de la municipalité. Par exemple, la société Warren & Arthur Smadbeck ltée, qui est notamment à l’origine du développement de plusieurs projets le long des côtes de Long Island dans l’état de New York, fait l’acquisition de terrains dans l’ouest de la municipalité en 1926, afin d’y développer Plage-Laval. Le 23 mai 1930, ce secteur se détache de la municipalité de la Partie ouest de Sainte-Rose afin de devenir une municipalité distincte, sous le nom du village de Plage-Laval.
Au fil des ans, le territoire de Sainte-Rose Ouest a progressivement été réduit. Un premier changement survient moins d’un an après sa création, soit le 5 mars 1915, alors que quelques lots de terre situés à son extrémité ouest lui sont retranchés, afin de constituer le nord de la nouvelle ville de Laval-sur-le-Lac.
La municipalité du village de Plage-Laval, créée à même son territoire en 1930, ne s’étend d’abord qu’entre l’actuel boulevard Sainte-Rose et la rivière des Mille Îles sur une largeur de quelques rues. Puis, en 1950 et en 1960, celle-ci, devenue la ville de Laval-Ouest, annexe 2 portions de Sainte-Rose Ouest.
La ville de Sainte-Rose annexe également des secteurs de Sainte-Rose Ouest. D’abord, en 1954, quelques parties de lots situés à la frontière des 2 municipalités passent sous la juridiction de la ville de Sainte-Rose à la suite d’une demande de citoyens désirant bénéficier de ses services municipaux, dont l’aqueduc.
En 1961, c’est l’ensemble du territoire situé à l’est de l’autoroute des Laurentides qui est annexé par la ville de Sainte-Rose, réduisant de façon considérable le territoire de la municipalité désormais connue sous le nom de la ville de Fabreville. Cette annexion est réalisée malgré la contestation de l’administration de Fabreville auprès du législateur.
Un dernier projet d’annexion est discuté dès la fin de 1963, alors que la cité de Chomedey commande une étude de l’économiste Henry A. Mhun, visant à analyser la possibilité d’annexer la totalité du territoire de sa voisine du nord, Fabreville. L’étude s’avère favorable à l’annexion, mais le projet ne se réalise pas.
Comme plusieurs autres secteurs de l’île Jésus, Sainte-Rose Ouest, devenue la ville de Fabreville en 1957, connaît un essor au niveau du développement résidentiel durant les années 1950 et 1960.
En 1958, l’arrivée de l’autoroute des Laurentides (A15), laquelle longe son territoire, vient sans doute accélérer le processus. Afin que le développement du territoire soit mieux structuré, la municipalité adopte, en 1958, un règlement de zonage. Durant la même période, la firme d’urbanistes Soudre et Latté produit un plan directeur pour la municipalité. À l’intérieur de ce document, on retrouve des esquisses d’ensemble d’édifices modernes, que l’on projette voir à l’avenir à Fabreville. L’hôtel de ville de la municipalité, située sur la montée Montrougeau, a d’ailleurs été construit dans cet esprit.
Durant la première moitié des années 1960, la population de Fabreville double, passant de 5 213 personnes en 1961 à 10 711 en 1966. Au cours de cette période, elle est au 3ième rang parmi les municipalités antérieures à la Ville de Laval en ce qui concerne l’accroissement annuel de sa population, derrière Vimont et Auteuil.
Saviez-vous que?
En 1920, Sainte-Rose Ouest, devenue par la suite la ville de Fabreville, adopte un règlement fixant le poids du pain vendu dans les limites de son territoire à 5 livres minimum!
La toponymie de Fabreville
La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Fabreville, nommés avant 1965.
Dès la fin des années 1950, les noms des nouvelles rues résidentielles de la ville de Fabreville sont généralement des prénoms attribués selon une logique alphabétique.
Ainsi, sur le territoire de cette municipalité, on retrouve par exemple des secteurs où les noms de rue sont des prénoms commençant par la lettre « E », dont les rues Edgar, Edmond, Élie et Estelle, par la lettre « F », dont les rues Fernand, Firmin et Francine, et ainsi de suite.
Cette logique de prénoms alphabétiques est maintenue après la création de la Ville de Laval en 1965 et demeure en vigueur pour certains secteurs du quartier Fabreville.
Le boulevard Dagenais a été nommé ainsi suivant une résolution du conseil municipal de la ville de Fabreville adoptée le 6 juin 1960.
Ce nom rappelle la mémoire de Lucien Dagenais (Paroisse de Sainte-Rose [Fabreville, Laval], Québec, 18 août 1906 – Laval, Québec, 21 juillet 1978), agriculteur, commerçant et maire de la ville de Fabreville (aujourd’hui un secteur de la Ville de Laval).
Fils d’un agriculteur et ancien maire de la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose (ou Sainte-Rose Ouest), Lucien Dagenais prend en charge la terre de son père à la suite de la mort de ce dernier, en 1927.
En 1945, il se lance dans le commerce en ouvrant un garage spécialisé dans le domaine de la machinerie agricole. Parallèlement, M. Dagenais s’implique dans sa communauté à titre de commissaire scolaire au cours des années suivant 1940. En 1949, il est élu conseiller municipal de Sainte-Rose Ouest puis, le 19 janvier 1953, il en devient le maire.
Sous son administration, la municipalité connaît une période de croissance marquée. De rurale, elle devient graduellement résidentielle, et sa population passe de moins de 2 000 à plus de 8 000 habitants. Afin de bien encadrer ces changements, M. Dagenais entreprend une série de mesures, dont l’adoption d’un plan directeur d’urbanisme, la construction d’une usine d’épuration des eaux, l’établissement de services de voirie, d’incendie et de police, ainsi que la construction d’un hôtel de ville.
En 1957, sa municipalité change de statut et de nom pour devenir la ville de Fabreville. Le 6 juin 1960, à la suite de la proposition d’un des conseillers de la ville, l’artère principale de Fabreville, jusqu’alors nommée la « Petite Côte de Sainte-Rose », prend le nom du « boulevard Dagenais » en l’honneur du maire. Lucien Dagenais demeure en poste jusqu’au 13 mai 1965, soit moins de 3 mois avant la création de la Ville de Laval.
À la suite de sa carrière municipale, il porte main forte à ses fils dans l’administration de l’entreprise familiale, Lucien Dagenais et fils. Ouvert en 1957 et succédant au premier commerce des Dagenais, ce garage spécialisé dans la vente et l’entretien de camions de la marque International se trouvait au coin des boulevards Curé-Labelle et Dagenais, dans le secteur de Fabreville, jusqu’à son déménagement en 2006.
Lucien Dagenais s’éteint le 21 juillet 1978. Aujourd’hui, après plusieurs prolongements, le boulevard Dagenais traverse d’est en ouest près de la moitié du territoire de la Ville de Laval.
Le boulevard Frenette a été nommé ainsi suivant une résolution du conseil municipal de la ville de Fabreville adoptée le 7 juin 1961.
Ce nom rappelle la mémoire de l’abbé Joseph Frenette, curé actif dans l’ancienne ville de Fabreville (aujourd’hui un secteur de la Ville de Laval), de 1960 à 1965. Le curé Frenette est affecté à la paroisse de Saint-Édouard qui, existant de 1957 à 2003, couvre le territoire où se trouvent le boulevard et la rue qui portent son nom.
La rue du Lac-de-Mai est située à proximité de la rivière des Mille Îles. Il s’agit d’un ancien chemin privé acquis par la ville de Fabreville en 1964.
Dès 1956, le nom de « lac de Mai » est utilisé par la population locale pour désigner un élargissement d’un filet d’eau provenant de la rivière des Mille Îles et pénétrant sur le territoire de l’île Jésus, faisant face à l’île de Mai. La rue du Lac-de-Mai menait jadis à cette petite étendue d’eau.
Fabreville en images
Documents d’archives intégraux
Règlement numéro 6 de la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose, adopté en 1920, fixant le poids du pain à 5 lb1.
- Source : Fonds de la ville de Fabreville (M4) ↩︎