Pont-Viau

Brochure de l'inauguration de l'hôtel de ville de Pont-Viau

Pont-Viau s’est développé à proximité d’un pont reliant l’île Jésus à l’île de Montréal et portant le nom de Viau, vraisemblablement en l’honneur d’un cultivateur du 19e siècle qui aurait eu une terre dans ce secteur.  ​

Dès la fin du 19e siècle, des documents témoignent de la présence d’un regroupement d’habitations à cet endroit, auquel on réfère d’abord comme étant la « presqu’île du Marigot située près du pont Viau » puis, tout simplement en tant que « Pont-Viau ».

D’ailleurs, en 1893, les résidents de ce secteur, alors rattaché à la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul (l’ancêtre de Duvernay), font une requête aux autorités municipales afin que l’on aménage un chemin longeant la rivière des Prairies. 

Pont-Viau se développe rapidement comme l’un des noyaux villageois actif de la paroisse de Saint-Vincent de Paul. 

En 1915, on érige une première paroisse catholique sur ce territoire, soit la paroisse Saint-Christophe. Dès 1920, des démarches sont entreprises afin que Pont-Viau soit constitué en une municipalité distincte, mais ce n’est qu’à la suite d’une seconde tentative que la municipalité de Pont-Viau est créée, le 6 avril 1926, par une proclamation du lieutenant-gouverneur de la province de Québec.

Le premier registre de procès-verbaux du conseil de la municipalité de Pont-Viau fait déjà mention de certaines rues de la municipalité qui existent encore aujourd’hui, témoignant ainsi de l’état du développement de ce village. Parmi celles-ci, on retrouve notamment les rues Berri, Saint-Hubert, Lahaie et Desnoyers, devenue depuis la place Juge-Desnoyers. 

En 1927, l’administration municipale de Pont-Viau amorce l’instauration d’un système d’aqueduc visant à acheminer de l’eau, fournie par la municipalité voisine de Laval-des-Rapides, à ses citoyens. Le projet initial devra cependant rapidement être révisé.

En effet, la même année, la compagnie Montreal Island Power signifie son intention de construire un barrage hydroélectrique sur la rivière des Prairies. Cette construction aura pour effet d’inonder une partie du sud du territoire de Pont-Viau, située aux abords du Marigot, un bras d’eau de la rivière des Prairies, situé approximativement au sud des actuels boulevards Lévesque et Cartier, dans le secteur Pont-Viau.

Les lots que l’on projette d’inonder sont acquis par la Montreal Island Power. Les propriétaires originaux, eux, manifestent alors leur intention de s’installer dans la partie nord de la municipalité, à condition que ce secteur soit alimenté par l’aqueduc. La planification du système d’aqueduc doit donc être révisée, et on abandonne alors la construction de certaines conduites d’eau prévues dans le sud de la municipalité pour prioriser l’expansion du réseau vers le nord. 

Le 10 mai 1947, la municipalité change de statut et devient la ville de Pont-Viau. La même année, elle adopte un règlement concernant les animaux dits « nuisibles ». Aussi anodin qu’il puisse paraître, ce règlement, qui restreint les conditions selon lesquelles les résidents peuvent garder chez eux certains animaux de ferme, témoigne de la vocation urbaine de Pont-Viau à l’époque.

Le caractère citadin de Pont-Viau se traduit également à travers d’autres règlements, comme celui obligeant les commerces de pièces d’automobiles à clôturer leurs terrains pour ne pas nuire à l’esthétique du village, adopté en 1939.

Au cours des années 1950, Pont-Viau développe davantage ses infrastructures, et c’est le cas notamment de la fourniture d’eau. Autrefois dépendante de Laval-des-Rapides pour obtenir son eau potable, Pont-Viau approche cette dernière afin de construire conjointement une usine de filtration qui suffirait aux besoins des 2 municipalités. La réponse de Laval-des-Rapides à cette proposition est négative. 

En 1951, la ville de Pont-Viau construit donc sa propre usine de filtration, dont la capacité est beaucoup plus élevée que la demande de ses citoyens. Ainsi, dès 1952, elle commence à fournir de l’eau à Laval-des-Rapides, puis, dès 1956, à en vendre aux municipalités de la paroisse de Saint-Vincent de Paul (devenue Duvernay) et de la ville de Saint-Vincent-de-Paul.

Le 6 février 1958, le statut de Pont-Viau est à nouveau modifié. Elle devient alors une cité et, simultanément, annexe une petite partie du territoire de la municipalité de la paroisse de Saint-Martin, prenant ainsi de l’expansion vers le nord-ouest. Par la suite, le territoire et le statut de Pont-Viau demeurent inchangés, jusqu’à la création de la Ville de Laval, en 1965.

​À la fin de 1960, la municipalité entreprend des démarches afin d’acquérir d’Hydro-Québec les terrains du Marigot, lesquelles avaient été submergés vers 1928 à la suite de la construction du barrage hydroélectrique de la Montreal Island Power. On projette alors de procéder au remplissage des terres inondées et d’y agrandir le parc municipal. 

C’est près de ce secteur qu’on construit un nouvel hôtel de ville, inauguré en janvier 1963, lequel logera différents services municipaux, dont une bibliothèque. L’édifice abrite aujourd’hui la cour municipale de la Ville de Laval.

Au moment de la création de la Ville de Laval, en 1965, le territoire de Pont-Viau est développé à près de 90 %. Sa population est la plus dense de l’île Jésus avec un taux d’environ 30 personnes à l’acre, comparativement à ses municipalités voisines de Laval-des-Rapides et de Duvernay, qui comptent respectivement environ 20 personnes et 15 personnes à l’acre.

La toponymie de Pont-Viau

La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Pont-Viau, nommés avant 1965.

La terrasse Gauthier est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Pont-Viau, prise lors de sa séance du 3 octobre 1955.

Ce nom rappelle la mémoire de Me Rosaire Gauthier (Saint-Martin [Laval], Québec, 28 novembre 1914 – Laval, Québec, 6 octobre 2001), notaire, secrétaire-trésorier, commissaire d’écoles, maire de la cité de Pont-Viau et vice-président de la Corporation Interurbaine de l’Île Jésus. À la suite de ses études aux collèges Sainte-Marie et Jean-de-Brébeuf à Montréal, Rosaire Gauthier poursuit sa formation en droit à l’Université de Montréal et se tourne vers le notariat.

Admis à la Chambre des notaires en 1941, il pratique pendant un an à Montréal avant de s’établir dans la ville de Pont-Viau, située dans le sud de l’Île Jésus. Il devient secrétaire-trésorier de cette municipalité tout en continuant de pratiquer la profession de notaire.

Le 8 mai 1950, Rosaire Gauthier entre en fonction en tant que maire de la ville de Pont-Viau et demeure en poste jusqu’au 7 mai 1962. Durant cette période, Pont-Viau connaît un essor marqué au niveau de son développement. On note entre autres de nombreux projets domiciliaires, la construction d’une usine de traitement de l’eau et la construction d’un nouvel hôtel de ville (aujourd’hui la cour municipale de la Ville de Laval).

Le 6 février 1958, le statut de la municipalité est modifié et on parle désormais de la cité de Pont-Viau. Parallèlement à sa fonction de maire, Rosaire Gauthier assure celle de commissaire à la Commission scolaire de Pont-Viau pendant 10 ans. Il s’implique aussi dans diverses associations locales et participe notamment, avec son frère Albert, à la fondation de la Caisse populaire de Pont-Viau. 

En 1958, il contribue à la fondation de la Corporation Interurbaine de l’Île Jésus, un regroupement des maires des municipalités de l’île Jésus, ayant pour but une gestion efficace des affaires communes. 

À la suite de sa carrière politique, il retourne à la pratique du notariat jusqu’en 1980. Rosaire Gauthier s’éteint le 6 octobre 2001.

Rosaire Gauthier, maire de Pont-Viau
Détail d’une photographie des membres de la Corporation interurbaine de l’île Jésus sur lequel on voit Rosaire Gauthier, maire de Pont-Viau de 1950 à 1958.
Crédit photo: Fonds de la Corporation interurbaine de l’Île Jésus (M19/H-1)

Le boulevard Goineau est nommé ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Pont-Viau prise lors de sa séance du 4 octobre 1954.

Ce nom rappelle la mémoire de Rosario Goineau (décédé avant 1958), maire de l’ancienne municipalité de la ville de Pont-Viau du 10 mai 1939 au 8 mai 1950. 

Sous son administration, Pont-Viau se développe et obtient le statut de ville. D’ailleurs, M. Goineau est lui-même l’un des premiers promoteurs immobiliers de cette ville. 

Marchand de bois de métier, il est aussi l’un des fondateurs de Goineau & Bousquet, un commerce à grande surface spécialisé dans les matériaux de construction et dans la quincaillerie. Ce dernier est ouvert en 1938 et situé, jusqu’à la fin des années 1990, sur le boulevard des Laurentides, dans le secteur de Pont-Viau. 

La rue Lahaie était déjà connue sous ce nom lorsque la ville de Pont-Viau s’en porte acquéreur, en 1949.

Son nom rappelle sans doute la mémoire de monsieur Edmond Lahaie, maire de la municipalité de Pont-Viau du 18 novembre 1929 jusqu’à son décès, survenu en août 1932.  

Le boulevard des Laurentides est pendant longtemps la principale voie de communication menant dans la région des Laurentides, jusqu’à l’aménagement de l’autoroute du même nom, en 1958. 

L’historique de ce boulevard est digne d’intérêt. En 1890, une montée est aménagée sur le tracé actuel de cette voie, soit du nord au sud, entre la rivière des Prairies et la rivière des Mille-Îles, au centre géographique de l’île Jésus. À travers le temps, elle porte divers noms, dont celui de « montée Sainte-Rose ».

Dans la première moitié du 20e siècle, le village et la paroisse de Sainte-Rose, situés à l’extrémité nord de la montée, constituent de populaires lieux de villégiature. Avec l’avènement de l’automobile, la montée est aménagée en boulevard et prend rapidement le nom du « boulevard Taschereau », en l’honneur du premier ministre du Québec, en poste de 1920 à 1936. À ce moment, la voie est également connue comme la route provinciale 335.

En octobre 1954, l’ancienne municipalité de la ville de Pont-Viau initie un projet de changement de nom du boulevard Taschereau afin d’enrayer le phénomène de confusions fréquentes entre ce dernier et la route du même nom située sur le rive sud de Montréal. 

Ce projet doit alors être approuvé par les autres municipalités de l’île Jésus qui sont traversées par cette route, soit la paroisse de Saint-Martin, la ville de Saint-Elzéar (devenue Vimont) et la paroisse de Sainte-Rose-Est (Auteuil). 

Bien reçu par celles-ci, le projet est entériné et le 1er janvier 1955, et la route provinciale 335 prend officiellement le nom de « boulevard des Laurentides » sur toute sa longueur.

Boulevard des Laurentides dans le secteur de Pont-Viau
Description: Photographie du boulevard des Laurentides dans le secteur de Pont-Viau en 1970. Crédit photo: Fonds du Service des communications (VL3)

La rue Patenaude est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Pont-Viau prise lors de sa séance du 5 mars 1956.

Ce nom rappelle vraisemblablement la mémoire de René Patenaude, échevin de la ville de Pont-Viau (devenue cité en 1958). 

Entré en fonction le 15 juillet 1947, il représente le quartier nord de la municipalité. En 1962, il assure la fonction de remplaçant du maire pendant plusieurs mois. À la suite de la création de la Ville de Laval, René Patenaude est membre du conseil municipal provisoire de la nouvelle municipalité d’août à octobre 1965.

René Patenaude conseil municipal
Photographie officielle de René Patenaude alors qu’il était membre du conseil municipal provisoire de la Ville de Laval en 1965.
Crédit photo: Fonds du Service des communications (VL3)

Pont-Viau en images

Documents d’archives intégraux

Extrait de la séance du 3 mai 1920 du conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul concernant la première tentative des résidents de Pont-Viau de constituer leur village en municipalité1

Brochure souvenir de l’inauguration de l’hôtel de ville de Pont-Viau les 12 et 13 janvier 19632.

  1. Source: Fonds de la cité de Duvernay (M3)  ↩︎
  2. Source : Collection de dons privés, don de Jean-Paul Roulier​ ↩︎