Saint-François est le lieu d’arrivée, dès le 17e siècle, des premiers colons de l’île Jésus. Ce secteur peut donc être considéré comme le plus ancien du territoire lavallois.
La paroisse de Saint-François de Sales est créée en 1702, mais ce n’est que le 3 mars 1722 que son territoire est officiellement fixé par un édit du roi de France. En 1855, ce même territoire est érigé en municipalité de façon définitive, sous le nom de la municipalité de la paroisse de Saint-François de Sales. Cela se produit d’ailleurs en même temps que les municipalités de paroisse de Sainte-Rose de Lima, de Saint-Vincent de Paul et de Saint-Martin.
Parmi ces 4 municipalités d’origine sur l’île Jésus, Saint-François sera la seule à conserver l’intégrité de son territoire jusqu’à la création de la Ville de Laval, en 1965. En effet, aucune ville et aucun village ne seront issus d’un détachement du territoire de Saint-François de Sales. La municipalité ne connaît qu’un seul changement de nature administrative, soit lorsqu’elle devient la ville de Saint-François, le 6 février 1958.
La population de Saint-François de Sales demeure relativement stable pendant de longues années. Entre 1915 et 1950, on ne note pas d’augmentation significative de la population permanente de la municipalité, qui demeure sous la barre des 1 000 habitants. En effet, on note même une certaine baisse de la population, laquelle passe de 960 âmes en 1918 à 677 en 1925, pour remonter graduellement à plus de 800 personnes à l’aube des années 1940.
Mis à part les quelques carrières en exploitation sur le territoire de la municipalité, Saint-François de Sales est principalement agricole et on y exploite environ 90 fermes. L’administration municipale est d’ailleurs impliquée dans divers dossiers visant à épauler les agriculteurs qui habitent le territoire.
Par exemple, dans les années 1930, la municipalité fait des représentations auprès des autorités ferroviaires, lesquelles menaçaient de fermer la gare de Saint-François. À ce moment, le train constituait le principal moyen de transport hivernal pour les agriculteurs qui désiraient vendre leur lait à Montréal.
Au cours des mêmes années, la municipalité de la paroisse de Saint-François de Sales manifeste activement son appui à l’établissement d’un nouveau marché public à Montréal, lequel allait devenir le Marché Frontenac. Ce dernier allait pallier les problèmes de disponibilité d’espace et de conditions d’exploitation difficiles des emplacements du Marché Bonsecours, jusque-là utilisé par les agriculteurs de Saint-François.
À l’instar de plusieurs autres municipalités de l’île Jésus, Saint-François de Sales est fréquentée par des villégiateurs. On y retrouve donc plusieurs chalets d’été, à proximité des rivages. En 1964, alors que la population permanente de Saint-François se chiffrait à 6 000 habitants, on rapporte que quelque 3 500 estivants passaient la belle saison dans cette municipalité.
Dès le début des années 1950, Saint-François de Sales connaît une augmentation marquée au niveau de la construction résidentielle. Selon les statistiques produites par la municipalité, plus de 1 000 logements, incluant principalement des maisons unifamiliales, sont bâtis sur son territoire entre 1951 et 1963. En comparaison, une centaine de maisons avaient été construites sur ce même territoire entre 1916 et 1943.
Cette augmentation s’explique par l’apparition de projets résidentiels où l’on construit des « bungalows », destinés à une clientèle de gens travaillant à Montréal et désirant devenir propriétaires de leur maison. À Saint-François, le projet résidentiel Aresville, situé du côté sud du territoire de la municipalité, est particulièrement populaire.
Les nouveaux développements amènent une augmentation rapide de la population de la municipalité, qui passe d’environ 1 000 habitants en 1950, à 2 500 habitants en 1958. En 1966, soit 1 an après la création de la Ville de Laval, la population de Saint-François s’élève à un peu plus de 8 000 habitants.
Malgré le développement de la fonction résidentielle dès les années 1950, le territoire de Saint-François continue d’être largement agricole. En 1953, par exemple, on y note la présence de 73 cultivateurs propriétaires comparativement à 87, 10 ans plus tôt. En 1964, la municipalité prévoit même une remontée de la fonction agricole, alors que la moitié des 20 terres acquises préalablement par des spéculateurs avaient été reprises par des cultivateurs depuis l’incorporation de la ville de Saint-François, en 1958.
Au moment de la création de la Ville de Laval, la ville de Saint-François est le territoire qui a la densité de population la moins élevée des 14 municipalités fusionnées. Il s’agit également de la municipalité dont le pourcentage de son territoire est le moins développé, ce qui témoigne, une fois de plus, de la vocation principalement agricole de ce secteur à l’époque.
Saviez-vous que?
Le vendredi 13 octobre 1961, le Service de police de Saint-François est en état d’alerte. Une bombe de fabrication artisanale aurait été déposée devant la porte de Joseph Lambert, gardien de prison au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, résidant sur le boulevard Lévesque à Saint-François.
Sans hésitation, l’agent de police Jean-Guy Crevier se rend sur les lieux pour récupérer l’objet suspect et l’amener à l’abri du public, sur la montée du Moulin. Dépêchés à cet endroit, des spécialistes inspectent la prétendue bombe pour découvrir qu’il s’agissait d’un canular. Néanmoins, la bravoure démontrée par l’agent Crevier lui vaut d’être promu sergent, le 1er juin 1962. En 1965, lors des dernières élections municipales de la ville de Saint-François, il est élu échevin.
La toponymie de Saint-François
La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Saint-François, nommés avant 1965.
La place Berthelot est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil de la ville de Saint-François, adoptée le 2 septembre 1958.
Ce nom rappelle la mémoire de François Berthelot, conseiller et secrétaire du roi de France et de ses finances, ainsi que 2e seigneur de l’île Jésus de 1672 à 1675.
Anciennement la propriété des pères Jésuites, l’île Jésus est cédée à Berthelot en 1670. La cession ne sera toutefois officialisée qu’entre le 7 et le 13 novembre 1672, avec la signature d’un acte.
Le nouveau seigneur ne vient jamais sur l’île Jésus, ni même en Nouvelle-France. Toutefois, sous son ordre, une partie de la pointe est de l’île (l’actuel secteur de Saint-François) est défrichée, afin de permettre l’établissement de colons, et un manoir y est construit.
Le 24 avril 1675, François Berthelot cède l’île Jésus à François-Xavier de Montmorency-Laval de Montigny, premier évêque de Québec, en échange de l’île d’Orléans.
La rue Charbonneau est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil de la ville de Saint-François, adoptée le 24 avril 1962.
Ce nom rappelle fort probablement la mémoire des familles d’Olivier Charbonneau et de son gendre Guillaume Label, qui sont les 2 premières à s’installer définitivement sur l’île Jésus en 1677. Elles s’étaient établies sur la pointe est de l’île, dans le secteur actuel de Saint-François.
Tel qu’observé sur un plan de l’île Jésus datant de 1911, l’emplacement de la rue Charbonneau correspond à une partie de la terre de Paul Charbonneau, qui pourrait être un descendant d’Olivier Charbonneau.
La rue Déry est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil de la ville de Saint-François, adoptée le 2 février 1960.
Ce nom fait probablement référence à Paul Déry, conseiller municipal de la ville de Saint-François du 20 juillet 1959 au 3 août 1960.
Le boulevard des Mille-Îles est nommé ainsi en vertu d’une résolution du conseil de la municipalité de la paroisse de Saint-François de Sales, adoptée le 15 avril 1958.
Le nom de ce boulevard est inspiré par son emplacement géographique. En effet, il longe la rivière des Mille Îles sur presque toute sa longueur.
Par le passé, le boulevard a été connu par la population locale sous les noms non officiels de « Route nationale » et de « Chemin Saint-François ». L’attribution du toponyme « boulevard des Mille-Îles », en 1958, visait alors à éviter d’éventuelles confusions.
La ville d’Auteuil adopte ce même nom quelques années plus tard pour désigner le prolongement de cette voie sur son territoire.
Saint-François en images
Documents d’archives intégraux
Publication produite par la ville de Saint-François à l’occasion de l’inauguration de son hôtel de ville en 19631.
Publication produite par la ville de Saint-François à l’occasion de l’inauguration de son hôtel de ville en 19632.