Le nom « Sainte-Rose » est associé à 3 anciennes municipalités du territoire lavallois : la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose de Lima (devenue Auteuil), la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose (devenue Fabreville) ainsi que la municipalité du village de Sainte-Rose (devenue la ville, puis la cité de Sainte-Rose). C’est cette dernière qui correspond davantage au secteur de Laval que l’on appelle aujourd’hui Sainte-Rose.
La naissance de la corporation du village de Sainte-Rose remonte au 1er janvier 1858. Ce territoire, issu de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose-de Lima, est le premier à être érigé légalement en municipalité de village.
Sainte-Rose demeure la seule municipalité à caractère urbain de l’île Jésus jusqu’à la création de la ville de Laval des Rapides. en 1912, soit pendant 54 ans. Il existait alors d’autres noyaux villageois sur l’île Jésus, mais leur territoire était compris dans une municipalité de paroisse, selon le cadre légal prévu pour ces municipalités rurales.
Au 19e siècle, le village de Sainte-Rose est développé de façon similaire aux autres villages de l’époque. Les rues sont éclairées avec des lanternes, que des « allumeurs », engagés par la municipalité, allument et éteignent chaque jour.
Afin de faciliter la circulation à pied le long des chemins en terre battue, on aménage des trottoirs de bois sur les principales artères du village. C’est le cas notamment sur le chemin menant à la gare du Canadien Pacifique, lequel est situé dans la partie est du village.
Les chemins, empruntés par les voitures à chevaux, sont bornés par des clôtures. Les villageois se chargent généralement de l’entretien des parties de chemins, clôtures et trottoirs se trouvant devant leur propriété.
Le village compte parmi ses résidents quelques cultivateurs, des marchands, des gens de métier ainsi que des membres de professions libérales, comme le notaire Longpré et le docteur Ouimet, par exemple.
En 1891, la municipalité du village de Sainte-Rose fait construire un marché et une salle publics. L’édifice est situé sur le chemin principal (l’actuel boulevard Sainte-Rose), dans l’est du village, soit un peu à l’est de l’actuelle rue des Patriotes.
En vertu de la règlementation de la municipalité, le marché devient le principal endroit où les bouchers et autres marchands d’aliments exercent leur commerce. En principe, à l’extérieur du marché, seule la vente de fruits et légumes par leurs producteurs, directement sur leur terre, est acceptée.
On note néanmoins une difficulté à faire respecter cette règlementation en raison de la présence de vendeurs itinérants, que l’on appelle des « colporteurs ». En effet, ceux-ci se rendent au village pour exercer leurs activités commerciales, parfois sans permis.
La salle publique du marché devient rapidement le lieu où sont tenues les séances du conseil municipal. Afin d’aménager la salle, il est résolu, lors de la séance du 6 juillet 1891 : « que le conseil fasse construire pour son usage et pour la tenue de ses sessions une table, huit chaises empaillées, trois ou quatre bancs, et achète deux lampes, une douzaine de crochets pour pendre les habits et chapeaux et trois échelles pour placer sur le toit du marché et parvenir au sommet de la bâtisse ».
Le marché devient donc un endroit central dans la vie villageoise. À l’extérieur de celui-ci, on note la présence de quelques établissements commerciaux, dont des restaurants, des auberges et des hôtels.
Vers la fin du 19e siècle, on assiste aux premiers véritables signes du développement de la villégiature au village de Sainte-Rose.
Le 1er avril 1889, le conseil municipal reçoit une requête, acheminée par un avocat nommé Fortin. Celle-ci demande au conseil d’émette un certificat autorisant un groupe d’hommes presque tous originaires de Montréal, la moitié francophone, l’autre anglophone, à établir une « association ou (un) Club dans un but de récréation et de délassement pour le corps » dans les limites de la municipalité.
Le conseil municipal répond favorablement à cette demande, permettant ainsi au « Ste-Rose Boating Club » d’être mis sur pied. L’association, pratiquant notamment des activités nautiques sur la rivière des Mille Îles, s’installe sur un terrain à proximité du pont Plessis-Bélair (l’actuel pont Marius-Dufresne).
Plusieurs membres fondateurs de ce club feront des acquisitions dans le village de Sainte-Rose, dont Arthur H. Merrill, qui y établit sa résidence d’été et Andrew Darling, propriétaire d’une île de la rivière des Mille Îles qui porte désormais son nom.
À partir de la création du «Ste-Rose Boating Club», davantage de vacanciers commencent à fréquenter le village de Sainte-Rose au cours de la période estivale.
La présence de ces personnes de l’extérieur motive d’ailleurs certaines interventions du conseil de la municipalité. Par exemple, lors de la séance du 10 juillet 1897, il est résolu de prier monsieur Henri Ledoux, restaurateur de Montréal, de ne pas tenir de restaurant ambulant dans les limites de la municipalité lors de l’événement du mercredi appelé le « Pique-nique des épiciers », sans doute organisé par les commerçants locaux.
Au cours de la même séance, on demande au secrétaire-trésorier de produire et d’afficher, à divers endroits du village de Sainte-Rose « des avis publics anglais et français prohibant aux bicyclistes séjournant actuellement dans ledit Village et autres de ne point circuler avec leurs bicycles sur les trottoirs de cette municipalité sous une pénalité de cinq piastres par chaque contravention de la présente prohibition (…) ».
Le territoire de la municipalité du village de Sainte-Rose est de plus en plus fréquenté par une population estivale, généralement en provenance de Montréal, et tant francophone qu’anglophone. Plusieurs louent ou achètent un chalet près du chemin de fer, dans un secteur communément appelé Sainte-Rose-Station.
Ainsi se développent, par exemple, les rues de Venise, Poplar et Elm ainsi que la terrasse Dufferin. Vers 1911, ce secteur est suffisamment peuplé, en été, pour que cela justifie l’implantation de la chapelle Notre-Dame-de-Laval, desserte de la paroisse catholique de Sainte-Rose, dont l’église se trouve au centre du village. D’autres vacanciers fréquentent également le reste du territoire de la municipalité, dont le centre et l’ouest du village.
En plus des activités nautiques, des espaces verts et de l’air pur, les estivants viennent de plus en plus à Sainte-Rose pour y fréquenter les plages. La municipalité, devenue ville de Sainte-Rose en 1918, abrite notamment les plages Beaulieu, située immédiatement à côté du pont Plessis-Bélair, et Sainte-Rose, à l’emplacement de l’actuelle berge des Baigneurs.
En 1935, la fréquentation des plages a suffisamment pris d’ampleur pour que le conseil municipal adopte le règlement 210 concernant la décence, l’ordre public et les bonnes mœurs, dont la moitié des articles vise à encadrer le port du costume de bain, qui n’est toléré que sur les plages.
En 1941, la population permanente de la ville de Sainte-Rose s’élève à 1 854 personnes et, incluant la population estivale, le nombre total d’habitants s’élève à 3 305 personnes. Les gens qui habitent la ville de Sainte-Rose en été seulement représentent donc près de 44 % de sa population totale à l’époque.
Parallèlement à son développement en tant que lieu de villégiature, la municipalité du village de Sainte-Rose continue d’évoluer en tant que secteur résidentiel.
Dès le début du 20e siècle, les services municipaux s’y modernisent. Ainsi, en 1912, on décrète que les trottoirs de la municipalité seront désormais construits en béton, afin d’en assurer la longévité. L’année suivante, on adopte un règlement visant à commencer la construction d’un système d’aqueduc et d’égouts, ainsi qu’à municipaliser la distribution de l’électricité, laquelle est à l’époque fournie par une compagnie privée. Ces services, ainsi que l’éclairage électrique des rues, se répandent tranquillement sur l’ensemble du territoire du village de Sainte-Rose.
Du point de vue de la sécurité publique, la municipalité adopte, en décembre 1913, un premier règlement visant l’établissement d’un service de police sur son territoire. En 1922, on instaure également un service de pompiers, et la municipalité se dote de l’équipement nécessaire pour maîtriser les incendies. En 1931, on adopte un nouveau règlement visant à financer la construction d’une caserne de pompier respectant les normes gouvernementales en cette matière, ainsi que l’achat d’un camion et d’équipements modernes. Bien implanté sur son territoire, ce service de pompier intervient même parfois sur celui de sa voisine, la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose (devenue Auteuil).
Du point de vue administratif, le village de Sainte-Rose se développe rapidement. Il atteint le statut de ville le 9 février 1918, ce qui lui confère des pouvoirs plus étendus.
La population permanente de la ville de Sainte-Rose, excluant les estivants, augmente de façon constante. En effet, alors qu’on compte 1 335 habitants en 1934, on en dénombre plus de 500 additionnels en 1941. Par ailleurs, cette augmentation s’intensifie après la Deuxième Guerre mondiale. La population de la ville de Sainte-Rose quadruple entre 1941 et 1961, pour atteindre le nombre de 7 500 habitants.
Vers le milieu des années 1950, on procède au développement résidentiel de la partie nord du territoire de la municipalité. Ainsi, en 1954, on crée les boulevards Je-Me-Souviens, Longpré, Roi-du-Nord et Laval (l’actuel boulevard Marc-Aurèle-Fortin).
De nombreuses nouvelles rues résidentielles voient également le jour, dont la rue Bienvenue, nommée ainsi par le conseil municipal afin de souhaiter la bienvenue aux nouveaux résidents.
En 1954, la ville de Sainte-Rose est en pleine expansion. Elle procède alors à de premières annexions de lots situés à proximité de ses limites territoriales, appartenant initialement aux municipalités de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose (devenue Fabreville) et de la paroisse de Sainte-Rose-Est (devenue Auteuil).
Ces annexions sont effectuées à la suite de demandes provenant de résidents de ces secteurs, lesquels désiraient recevoir les services municipaux de la ville de Sainte-Rose, dont l’aqueduc et les égouts.
Le 2 mai 1960, la ville de Sainte-Rose adopte les règlements 408 et 409 en vue d’annexer des parties des territoires de la ville de Fabreville et de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose-Est. Ceux-ci correspondent approximativement au nord de l’actuel quartier industriel centre de Laval, ainsi qu’aux quartiers résidentiels Champenois et Champfleury.
Les approbations de ces projets par le ministère des Affaires municipales sont publiées dans la Gazette officielle du Québec, un an plus tard. Ces annexions augmentent considérablement le territoire de cette municipalité, laquelle atteint le statut de cité le 15 juillet 1964. Déjà, elle prévoit une certaine expansion de sa zone résidentielle ainsi que le développement d’un quartier industriel.
À la veille de la création de la Ville de Laval, la cité de Sainte-Rose connaît un certain ralentissement en matière de l’accroissement de sa population, comparativement aux années 1950.
Entre 1961 et 1966, elle se classe d’ailleurs avant-dernière en cette matière parmi les secteurs de l’île Jésus, derrière Laval sur le Lac. En raison des annexions que cette municipalité vient tout juste de réaliser, il lui reste alors environ 80 % de son territoire à développer.
La toponymie de Sainte-Rose
La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Sainte-Rose, nommés avant 1965
La rue Aimé-Leroux est nommée ainsi en vertu de la résolution 164-1964 du conseil municipal de la ville de Sainte-Rose, prise lors de sa séance du 16 mars 1964.
Ce nom rappelle la mémoire d’Aimé Leroux (Québec, 16 avril 1905 – Sainte-Rose [Laval], Québec, 1er novembre 1958), conseiller de l’ancienne municipalité de la ville de Sainte-Rose (aujourd’hui un secteur de la Ville de Laval).
Assermenté le 6 août 1956 après avoir été élu échevin du quartier centre de sa municipalité, monsieur Leroux œuvre notamment en tant que président du comité des parcs et terrains de jeux.
Apprécié de ses collègues et des citoyens de la ville, l’ancien maire de Sainte-Rose, monsieur Olier Payette, dit de lui qu’il a une « personnalité attachante ». Aimé Leroux est mort subitement le 1er novembre 1958.
Crédit photo: Collection de la Division de la gestion documentaire
La rue Cloutier est nommée ainsi en vertu de la résolution 621-1964 du conseil municipal de la ville de Sainte-Rose, prise lors de sa séance du 5 novembre 1964. Elle portait anciennement le nom de « rue Alexandre ».
Ce nom rappelle la mémoire d’Aristide Cloutier, échevin de la cité de Sainte-Rose. Assermenté le 28 juillet 1952, monsieur Cloutier participe aux séances du conseil municipal à titre d’échevin du quartier ouest (siège no.1) jusqu’au 5 octobre 1964.
À la suite de son décès, survenu à la fin du mois d’octobre de la même année, l’administration de la cité de Sainte-Rose décide d’honorer la mémoire de leur collègue de travail qui, tel que mentionné dans le registre de procès-verbaux du conseil municipal, avait été « pendant 12 ans, dévoué et apprécié ». Aristide Cloutier habite pendant plusieurs années sur la rue qui porte aujourd’hui son nom.
La rue MacMahon est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Sainte-Rose, prise lors de sa séance du 5 juillet 1954.
Ce nom rappelle la mémoire de Stanislas-Félix MacMahon (né en Irlande, vers 1819), médecin et homme politique municipal. Établi avant 1851 au village de Sainte-Rose, sur l’île Jésus, avec son épouse Angèle Pépin et leurs enfants, MacMahon pratique la médecine de son arrivée au pays jusqu’en 1880.
Le 25 juillet 1855, il préside la réunion visant à l’élection du premier conseil de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose. Il en devient le premier maire, poste qu’il conserve jusqu’au 19 décembre 1857. Cette même année, le village et la paroisse de Sainte-Rose deviennent 2 municipalités distinctes. MacMahon devient alors le premier maire du village de Sainte-Rose, fonction qu’il assure de 1858 à 1864 puis de 1868 à 1878, soit pendant 19 ans.
La rue des Patriotes est nommée ainsi depuis le 1er janvier 1954, en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Sainte-Rose adoptée lors de sa séance du 7 décembre 1954. Elle portait anciennement les noms de « rue Cadieux » et de « rue du Cimetière ».
Cette rue est nommée ainsi afin d’honorer la mémoire des Patriotes ayant combattu lors des Rébellions de 1837-1838 contre le pouvoir de l’Angleterre sur le Bas-Canada, devenu par la suite le Québec.
Ce serait à l’auberge Tassé, une maison de pierres située sur le côté est de l’actuelle rue des Patriotes, que se seraient tenu des rencontres du « Comité des Patriotes » de Sainte-Rose.
Ce dernier aurait été fondé par les chefs du mouvement patriotique, dont La Fontaine, Papineau et Cartier, et avait pour but d’informer la population sur les actions portées par les ennemis des Patriotes.
Crédit photo: Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus
Le tracé du boulevard Sainte-Rose correspond à une partie d’un des plus anciens chemins de l’île Jésus qui, à travers son histoire, est connue sous les noms de « Concession Côté Nord », « Grand-Sainte-Rose », « Grande-Côte » et « route no 11 ».
Jusqu’au 19 avril 1920, le tronçon de ce chemin compris à l’intérieur du territoire de la ville de Sainte-Rose est désigné comme la « rue Principale ». À cette date, la municipalité change son nom pour celui de « boulevard Sainte-Rose », faisant ainsi référence au nom de la ville et de la paroisse.
À l’époque, le boulevard Sainte-Rose s’étend de l’actuelle autoroute des Laurentides jusqu’à l’avenue des Terrasses. Entre 1920 et 1930, la municipalité de la Partie ouest de la paroisse de Sainte-Rose de Lima (devenue la ville de Fabreville en 1957) adopte le nom du « boulevard Sainte-Rose » pour désigner le chemin longeant le nord de l’île Jésus jusqu’à sa pointe ouest.
Finalement, en février 1961, la ville d’Auteuil adopte une résolution changeant le nom de la « côte des Ouimet » située entre l’actuel boulevard des Laurentides et l’avenue des Terrasses pour celui de « boulevard Sainte-Rose Est ». Ce dernier rappelle l’ancien nom de la municipalité, c’est-à-dire la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose Est.
Crédit photo: Collection de dons privés, don de Paul Surprenant
Sainte-Rose en images
Documents d’archives intégraux
Règlement adopté en 1930 encadrant notamment le port du costume de bain dans les limites de la ville de Sainte-Rose1.
Règlement 408 de la ville de Sainte-Rose concernant le projet d’annexion d’une partie du territoire de Fabreville en 19602.
Règlement 409 de la ville de Sainte-Rose et le plan qui y est associé. Ceux-ci concernent le projet d’annexion d’une partie du territoire de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose-Est (devenue plus tard Auteuil) en 19603.