Inventaire du patrimoine de la Ville de Laval
Suite aux différents inventaires du patrimoine produit sur le territoire, la Ville de Laval a adopté un inventaire des immeubles présentant un valeur patrimoniale, conformément à l’article 120 de la Loi sur le patrimoine culturel (P-9.002), qu’elle révise périodiquement. Ces immeubles sont assujettis au règlement concernant la démolition des immeubles (L-12507) et au règlement relatif à l’occupation et l’entretien des bâtiments (L-12950).
Quelques exemples du patrimoine bâti lavallois
La Ville de Laval possède un patrimoine bâti riche et diversifié. Découvrez les bâtiments et lieux anciens qui se trouvent dans votre quartier!
LA MAISON JOSEPH-LABELLE
570, boulevard des Mille-Îles
Année de construction : entre 1735 et 1743
La maison Joseph-Labelle est construite au 18e siècle pour Michel Charles, un habitant prospère. Acquise en 1837 par Joseph Labelle, elle subira au cours des années suivantes des modifications qui lui donneront son apparence actuelle. Elle est classée patrimoniale en 1975.
À l’origine, la maison Joseph-Labelle est une habitation rurale d’inspiration française. Le corps de logis en pierre de plan rectangulaire à un étage et demi, l’asymétrie de la façade, son toit à 2 versants et ses souches de cheminée disposées dans le prolongement des murs pignons témoignent de cette origine. Toutefois, elle présente des adaptations architecturales qui ont permis de répondre aux conditions climatiques québécoises ou à l’évolution des styles architecturaux.
La présence de larmiers à la base des pentes du toit et leur prolongement pour couvrir la galerie en sont les exemples les plus courants. La maison Joseph-Labelle présente aussi des caractéristiques propres à la région de Montréal, soit l’absence de crépi sur les murs de pierre et la fondation dégagée permettant d’habiter la cave.
LA MAISON ANDRÉ-BENJAMIN-PAPINEAU
5475, boulevard Saint-Martin Ouest
Année de construction : entre 1820 et 1830
Classée immeuble patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC), la maison André-Benjamin-Papineau est protégée en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Elle représente l’une des plus importantes acquisitions patrimoniales de Laval. Achevée en 1830, elle est un exemple typique d’une maison rurale de la première moitié du 19e siècle. De plus, elle est associée à un personnage illustre de la région, André-Benjamin Papineau.
La maison est érigée selon le modèle des maisons de ferme franco-québécoises. La maçonnerie de pierre, le four à pain intérieur et les ornements en fer forgé témoignent d’une certaine aisance financière.
Au début des années 1970, le tracé de la nouvelle autoroute 13, menace la maison de démolition. Grâce à la collaboration d’un groupe de citoyens, elle est alors acquise par la Ville de Laval, déplacée au 5475, boulevard Saint-Martin Ouest et restaurée par le MCC.
Les éléments d’origine sont remis en état alors que les modifications apportées au fil des années sont démolies. Fenêtres, contrevents, toiture, galerie, lucarnes ainsi que l’intérieur de la maison retrouvent leur aspect typique et leur emplacement original. D’autres travaux de restauration sont entrepris, entre 1999 et 2001, afin de la maintenir en bon état.
L’histoire de la maison André-Benjamin-Papineau sur vidéo
Pour découvrir l’histoire de la maison d’André-Benjamin Papineau, voyez le documentaire Maison André-Benjamin-Papineau produit par la Ville et Réseau ArtHist, disponible dans toutes les bibliothèques de Laval.
Projet de création d’un centre d’interprétation
Des travaux de restauration et d’agrandissement de la maison André-Benjamin-Papineau ont débuté. Ceux-ci visent à la rendre de nouveau accessible au public, après sa fermeture en 2014. L’ajout d’une annexe de signature contemporaine, se mariant à l’architecture d’origine, permettra la mise aux normes d’accessibilité universelle et un meilleur accueil du public.
La restauration et l’agrandissement de la maison donnent le coup d’envoi à un projet de création d’un centre d’interprétation ayant pour mission la conservation du patrimoine bâti et la mise en valeur du patrimoine culturel lavallois. Dans cette première phase de travaux, le café de la Grange sera également rénové. Par la suite, le théâtre de la Grangerit aura droit à une cure de jeunesse et un aménagement paysager sera réalisé pour faire de ce site une destination unique à Laval.
Ce projet de restauration et d’agrandissement de la maison André-Benjamin-Papineau est réalisé grâce à un soutien financier du gouvernement du Québec.
L’ÉGLISE SAINT-MAURICE-DE-DUVERNAY
1961, rue Ivry
Année de construction : 1961 à 1962
L’église Saint-Maurice-de-Duvernay est construite sur le terrain de l’ancienne terre agricole de J.J. Joubert, cédé en 1959 par Maurice Joubert pour la somme de 1 $. La création de la paroisse et la construction de l’église s’inscrivent dans une démarche des citoyens du secteur qui souhaitaient obtenir de meilleurs services publics.
C’est le 14 juin 1958 que l’archevêque de Montréal, M. le Cardinal Paul-Émile Léger, autorise la création de la nouvelle paroisse. L’architecte retenu pour la construction de l’église est Roger D’Astous, lequel s’inspire des principes acquis auprès de Frank Lloyd Wright, avec qui il avait parfait ses connaissances entre 1952 et 1953. Roger D’Astous dessinera 12 églises et de nombreux bâtiments dans sa vie, dont l’hôtel Château Champlain et le Village Olympique. Par contre, de toutes ses réalisations, l’église Saint-Maurice-de-Duvernay demeure l’une de ses favorites, et ses obsèques y sont d’ailleurs célébrées en 1998.
L’église Saint-Maurice-de-Duvernay est une œuvre majeure de l’architecture moderne au Québec. À l’extérieur, elle se caractérise par la combinaison de formes horizontales, verticales et pyramidales. D’ailleurs, son étalement horizontal est en adéquation avec son environnement bâti, composé essentiellement de maisons unifamiliales plain-pied au toit plat. L’église se caractérise également par la diversité des matériaux utilisés pour sa construction, tels que le béton, la pierre, le bois et le cuivre. Son extérieur est particulièrement marqué par la grande poutre Vierendeel en béton, laquelle se prolonge sur le parvis de l’église pour venir s’imbriquer entre 2 colonnes de béton, qui font office de clocher.
Cette grande poutre de béton, comme plusieurs autres éléments architecturaux extérieurs, se prolonge à l’intérieur du bâtiment. On retrouve donc à l’intérieur, en plus du béton, la pierre et le bois. Par ailleurs, l’espace entre les 2 membrures de la poutre Vierendeel est comblé à l’intérieur par un vitrail de Jean-Paul Mousseau, dont la couleur rouge crée un contraste vibrant avec le béton. L’espace intérieur est asymétrique avec la nef et un seul bas-côté qui forment au sol un plan carré. L’ensemble permet une proximité entre les fidèles et le célébrant, conformément à l’approche plus communautaire des célébrations religieuses que commande le renouveau liturgique. Le cœur bénéficie d’un éclairage zénithal qui crée une atmosphère propice au recueillement.
Arche de Laval-sur-le-Lac
Au coin du chemin du Bord-de-l’Eau et de la rue Graveline
Année de construction : entre 1925 et 1926
L’arche de Laval-sur-le-Lac est construite pour souligner la création, en 1915, de l’ancienne municipalité de Laval sur le Lac. À l’origine, une seconde arche est également érigée à l’extrémité ouest de la ville. Celle-ci est toutefois détruite au cours des années 1960.
Pour assurer la construction des arches, la ville de Laval sur le Lac adopte, le 24 août 1925, un règlement prévoyant un emprunt de 3 000 $. Plus tard, elle adopte un nouveau règlement pour effectuer un emprunt supplémentaire de 700 $, en raison d’un léger dépassement des coûts de construction.
C’est l’architecte Joseph-Ovide Turgeon (1875-1933) qui est chargé de la réalisation des plans des arches. Turgeon a réalisé au cours de sa carrière plusieurs ensembles institutionnels, principalement en pierre, dont la Palestre nationale (1914-1919), devenue depuis l’école de danse de l’UQAM.
Ces portes décoratives à l’entrée du quartier relèvent d’une tradition très ancienne dont le but était de signaler l’entrée dans un nouveau monde. L’arche marque donc la séparation physique entre le chemin du Bord-de-l’eau et la rue Les Érables. Elle identifie, par le fait même, la fin de Sainte-Dorothée et l’entrée dans Laval-sur-le-Lac.
L’ouvrage de maçonnerie en pierres de champs taillées adopte la forme d’un arc plein cintre. Il est appuyé sur les côtés sur des contreforts massifs. La pierre se distingue par la variation de couleur, tantôt gris, rouge ou rose.
LE PONT VIAU
Entre le boulevard des Laurentides à Laval et la rue Lajeunesse à Montréal
Année de construction : 1929
Le pont Viau actuel a été construit en 1929. Toutefois, il s’agit du troisième pont à prendre place à cet endroit.
Le premier pont est construit en 1847. Celui-ci est bois et il est à péage. Il semble que déjà à cette époque, le nom de Viau est attribué à l’ouvrage. Les origines de ce nom ne sont pas certaines, mais les plus probables sont celles voulant qu’on ait honoré le nom de Christophe Viau, propriétaire de la terre au pied du pont en 1823, ou encore celui de Pierre Viau, un associé du projet.
Dès sa construction, le pont contribue au développement routier de l’île Jésus. En effet, la « Turnpike Road Company of Isle Jesus » est constituée en 1862, afin de permettre la macadamisation de routes. La route partant du pont Viau devait relier le plus directement possible la paroisse de Sainte-Rose et le pont menant à Sainte-Thérèse.
En 1887, le pont de bois est détruit et remplacé par un pont en acier. La création de ce lien durable et efficace avec Montréal contribue d’ailleurs au développement de ses abords. En effet, un nombre grandissant de personnes s’installe au pied du pont, donnant ainsi naissance à une véritable agglomération. Cette population est suffisamment importante, en 1926, pour créer la municipalité de Pont-Viau, laquelle se détache de la municipalité de la paroisse de Saint-Vincent de Paul.
Le pont d’acier est acquis par la Ville de Montréal qui le reconstruit en 1929, mais cette fois en béton. Les plans et les travaux de construction sont réalisés par la firme Dufresne Construction, en collaboration avec l’ingénieur de la Ville de Montréal, L. J. Leroux. Il prendra alors le nom de pont Des Roches, du nom du président du comité exécutif de la Ville de Montréal, puis le nom de pont d’Ahuntsic. Néanmoins, les habitudes ont la vie dure, et du côté de l’île Jésus, la dénomination de Viau demeure bien vivante. Finalement, le nom de pont Viau est officialisé en 1978.
La structure du pont se compose de 5 arches de béton. Les piliers sur lesquels reposent celles-ci sont recouverts de granit blanc, afin de réduire les effets de l’érosion et du passage des glaces. Le pont a subi plusieurs modifications au cours des années. En 1963, on procède à un rajeunissement de l’ensemble de la structure. Le tablier est élargi en 1988, puis remplacé en 2010 par un nouveau tablier en acier.
LA MAISON THERRIEN
9770, boulevard des Mille-Îles
Année de construction : vers 1722
La maison Therrien est construite vers 1722 sur un lot appartenant à la famille Beauchamp qui cultive les terres adjacentes. En 1846, la maison est acquise par Charles Therrien, et sa famille en demeure propriétaire pendant 140 ans.
En 1934, la maison est modifiée de manière importante. La maçonnerie en pierre est enduite d’un crépi à faux joints imitant la pierre de taille. Le toit est aussi prolongé par des avant-toits et recouvert de tôle. En 2007, une restauration majeure permet de retrouver de nombreuses caractéristiques d’origine de la maison. La maison Therrien est classée patrimoniale en 1974.
La maison Therrien est représentative de l’architecture d’inspiration française. Le bâtiment, en pierre non crépie, possède un étage et demi et est percé d’un petit nombre d’ouvertures caractérisé par des fenêtres à petits carreaux.
Aussi, la fondation s’élève à peine hors du sol et les souches de cheminée sont disposées dans le prolongement des murs pignons. Enfin, le toit est à 2 versants droits et il est recouvert de bardeaux de cèdre. Les lucarnes du toit sont ajoutées lors de la restauration de 2007. Elles sont caractéristiques de l’adaptation de ce type de bâtiment à l’évolution des styles architecturaux et aux modes de vie.
L’ÉGLISE SAINT-VINCENT-DE-PAUL
5443, boulevard Lévesque Est
Date de construction : Entre 1854 et 1875
L’intendant Gilles Hocquart autorise la création de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul en 1740. Ce n’est toutefois qu’en 1752 que la première église de pierre de la paroisse est inaugurée. Elle est située vis-à-vis l’emplacement de l’église actuelle, au sud du boulevard Lévesque, où se trouve aujourd’hui la plus ancienne partie du CHSLD Fernand-Larocque. Cette église étant devenue trop petite et présentant des problèmes de structure au niveau du clocher, les paroissiens demandent à Mgr Ignace Bourget d’autoriser la construction d’une nouvelle église. Cette autorisation leur est accordée en 1853, permettant ainsi la construction du lieu de culte actuel.
En prévision de la construction du nouveau bâtiment, la fabrique acquiert des terrains du notaire Jean-Baptiste Constantin et de sa sœur Marie-Christine, ainsi qu’une parcelle de terre d’Amélia Merckell. Par ailleurs, la réalisation des plans de l’église est confiée à l’architecte Victor Bourgeau.
Il est intéressant de souligner qu’à cette époque, Bourgeau est le seul architecte à être embauché par Mgr Bourget pour la construction d’églises dans le diocèse de Montréal. En effet, les suggestions de Bourgeau sont intéressantes pour l’archevêque, car il propose un nombre limité de plans, lesquels sont simples à réaliser. De plus, il est capable d’assurer la mise à niveau de bâtiments plus anciens. Ainsi, les projets de Bourgeau sont prévisibles sous plusieurs angles, ce qui constitue un atout dans un diocèse où l’on construit jusqu’à 5 églises en même temps.
La nouvelle église de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul est donc mise en chantier en 1854, et les travaux se poursuivent jusqu’en 1875. La construction est confiée à l’entrepreneur Célestin Labelle, tandis que le menuisier Joseph Chartrand récupère les planchers, les poutres et les lambourdes de bois de l’ancienne église pour construire la sacristie, le local où l’on conserve notamment les objets du culte. On récupère également le mobilier liturgique dont les autels, la chaire et un chandelier pascal produit par l’atelier des Écores.
D’inspiration néo-romane, la façade est en pierre de taille provenant des carrières à proximité. Percée de 3 fenêtres, la partie centrale est surmontée d’un socle encadré de volutes, qui supporte une statue du saint Vincent de Paul. Les 2 clochers sont couronnés par un campanile circulaire en cuivre, dont la flèche élancée est dominée par une croix en fer. Le corps principal et la sacristie sont en moellon, une pierre taillée plus ou moins grossièrement et de petite dimension.
L’intérieur de l’église est constitué d’une nef à 3 vaisseaux et de 2 tribunes à l’arrière. La décoration intérieure se compose d’une fausse voûte en forme d’arc plein cintre. Elle est décorée de caissons, lesquels sont ornés d’appliques en forme de rosace. Les colonnes bordant la nef centrale sont ornées de pilastres d’ordre corinthien, un style architectural grec. Elles sont également reliées entre elles par des arcs plein cintre.
L’église sera considérablement modifiée durant les années 1960, plusieurs pièces de mobilier et d’orfèvrerie ayant disparu. L’autel du cœur a aussi été remplacé par un orgue à vent. Toutefois un chandelier pascal de Louis-Amable Quevillon (1749-1823) ainsi que 2 bas-reliefs, vestiges de la première église, demeurent.