Laval-des-rapides

Carte postale de Laval-des-rapides

À l’origine un secteur rural de la paroisse de Saint-Martin, Laval-des-Rapides se démarque très tôt dans son histoire comme un lieu à vocation résidentielle.  ​

À la toute fin du 19e siècle, un village nommé Parc-Laval commence à se développer dans le centre-sud de la municipalité de la paroisse de Saint-Martin. Situé de part et d’autre du moulin du Crochet, centre économique du secteur depuis la période seigneuriale, Parc-Laval doit l’intensification de son développement à l’apparition d’une nouvelle vocation de son territoire.

En effet, l’arrivée du chemin de fer permet désormais à des gens travaillant à Montréal de venir s’installer à Parc-Laval, et d’ainsi profiter d’un milieu de vie rappelant la campagne. Le 3 avril 1912, ce village devient une municipalité à part entière détachée de la paroisse de Saint-Martin. Dès lors, elle prend le nom de la ville de Laval des Rapides. 

Le conseil de la ville de Laval des Rapides se réunit pour la première fois le 22 mai 1912. Au cours de cette première séance, on assermente notamment le premier maire, François Souillart, ainsi que les autres membres du conseil municipal.

Il est également résolu que la « salle Bédard », située à l’angle nord-est du chemin public (devenu le boulevard des Prairies) et du boulevard Napoléon (devenu l’avenue Laval), soit louée au prix de « douze piastres » par mois afin de servir de salle du conseil. 

On note également que « (…) le conseil s’engage à fournir le bois et le charbon pour le chauffage, l’huile et les lampes pour l’éclairage, en retour ledit Bédard s’engage à chauffer, à éclairer et à nettoyer ladite salle au besoin de ce conseil ».

Le premier conseil municipal de la ville de Laval des Rapides est à l’origine du développement d’un réseau d’aqueduc et d’égouts, qui est en fonctionnement dès les premières années d’existence de cette jeune municipalité. 

La vocation résidentielle de Laval des Rapides se fait de plus en plus sentir à travers son histoire.

Cette orientation que prend le développement de la ville occasionne d’ailleurs quelques frictions entre les citadins et la population rurale. En 1928 notamment, lors d’un débat sur l’avenir des renardières, le conseil municipal adopte le règlement 65 concernant l’élevage des animaux à fourrure. Dès lors, ce règlement empêche l’implantation de nouvelles fermes d’élevage d’animaux à fourrure, plus particulièrement de renards, ainsi que l’expansion des fermes existantes. L’exploitation de ces dernières incommodait les résidents, principalement en raison des odeurs qui s’en dégageaient.

Or, l’application de ce règlement suscite de vives réactions de la part des exploitants et de leurs représentants au sein du conseil municipal. Le 28 août 1928, on tient une séance spéciale du conseil municipal afin d’y présenter pour adoption le règlement 66, visant l’abolition du règlement 65.

Cette séance est particulièrement mouvementée alors qu’une dizaine d’hommes, formant une « police spéciale » sous l’autorité d’un conseiller municipal en faveur des renardières, se présentent à la salle du conseil pour en faire la sécurité. Le maire et président de l’assemblée ordonne la suspension de la séance spéciale jusqu’à ce que ladite « police spéciale » soit escortée à l’extérieure des limites de la municipalité. Néanmoins, le règlement 66 est adopté lors de cette séance, donnant ainsi le feu vert à la pleine exploitation des renardières sur le territoire de Laval des Rapides.

Quelques mois plus tard, en novembre 1928, sous la menace de poursuite en Cour supérieure, on accepte l’abolition du règlement 66 et, par ricochet, le rétablissement du règlement 65 contrôlant l’élevage d’animaux à fourrure. Il s’agit alors d’une victoire pour la population de nature résidentielle de la municipalité.

En 1942, avec beaucoup moins d’opposition, on adopte le règlement 115 régissant l’élevage des volatiles et des porcs dans les limites de la municipalité. Le caractère résidentiel de Laval des Rapides se confirme alors une fois de plus.  

La vocation résidentielle confirmée de Laval des Rapides oriente dès lors son développement. À l’instar des autres municipalités de l’île Jésus et de plusieurs autres municipalités de la région montréalaise, le développement domiciliaire de Laval des Rapides s’accélère après la Seconde Guerre mondiale. 

Les premières rues résidentielles sont souvent ouvertes par des propriétaires terriens qui, après avoir fait l’exploitation agricole de leur terre pendant de longues années, subdivisent une partie de leur lot pour y faire construire des maisons, généralement des bungalows.

C’est le cas notamment du boulevard Clermont, cédé à la ville de Laval des Rapides en 1947 par Sylvio Clermont, de la rue Guilbault, cédée à la municipalité en 1949 par Léon Guilbault, de l’avenue Desmarteau, cédée à la municipalité par Armand Desmarteau en 1953, ainsi que de l’avenue Parissi, dont différents tronçons sont offerts à Laval des Rapides par son propriétaire initial, le cultivateur Paul Parissi, entre 1953 et 1957.

Dès le milieu des années 1950, des constructions résidentielles sont également réalisées sur des lots appartenant à l’origine à des communautés religieuses, comme le boulevard Bon-Pasteur, dont les terrains appartenaient initialement aux Sœurs Saints Cœurs de Jésus et de Marie.

Afin d’encadrer son développement, la ville de Laval des Rapides adopte, à la fin de l’année 1957, une règlementation qui établit les normes de construction et qui délimite les zones résidentielles, commerciales et industrielles de la municipalité.

Le territoire de la ville de Laval des Rapides est légèrement agrandi le 11 février 1959, alors que la municipalité annexe, en vertu d’une modification de sa charte, une partie de la ville de Renaud. Ce territoire correspond aujourd’hui à la majeure partie de l’actuel secteur compris entre l’autoroute des Laurentides, le chemin de fer, le boulevard de la Concorde et le boulevard du Souvenir. Une autre modification de sa charte vient notamment modifier le nom et le statut de la municipalité le 6 juillet 1962, alors qu’elle devient la cité de Laval-des-Rapides.

Laval-des-Rapides poursuit son développement dans les années 1960, période durant laquelle on assiste notamment à l’arrivée des parcs municipaux, dont le Parc Bon-Pasteur. Ce dernier, à l’origine tenu par une communauté religieuse, passe sous la juridiction de la municipalité en 1962, après l’adoption d’un règlement à cet effet.

Le 5 mars 1964, la cité de Laval-des-Rapides adopte également un règlement visant l’établissement d’une bibliothèque municipale. Elle juge, selon le texte dudit règlement, « qu’il est dans l’intérêt de tous que la Cité se préoccupe non seulement du bien-être physique, mais également du développement intellectuel et culturel de la population ».

Au moment de la création de la Ville de Laval, la cité de Laval-des-Rapides est au 2e rang des municipalités les plus populeuses de l’île Jésus, derrière Chomedey, et au second rang en termes de densité de population, derrière Pont-Viau. 

La toponymie de Laval-des-Rapides

La toponymie reflète souvent l’histoire d’un secteur. Voici quelques exemples de noms de rue du secteur de Laval-des-Rapides, nommés avant 1965.

L’avenue Legrand est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Laval-des-Rapides adoptée le 23 mars 1921. Cette rue avait précédemment porté le nom du boulevard de l’Impératrice.

Ce nom rappelle la mémoire de l’abbé Louis-Marie Legrand (né à Lamballe, France, le 24 mai 1877), père eudiste et prêtre catholique. Entré dans la congrégation de Jésus et Marie (dite « les Eudistes ») en 1894, Legrand est ordonné prêtre à Paris en 1900. 

Il enseigne au Collège de Saint-Sauveur à Redon, en France, de 1900 à 1903. Il part ensuite pour le Canada, où il est successivement professeur de belles-lettres au Collège de Caraquet, au Nouveau-Brunswick (1903-1904) puis au Séminaire de Chicoutimi (1904-1906), ainsi que professeur de rhétorique au Séminaire de Valleyfield, dès 1906. 

En 1915, il devient le premier curé de la paroisse du Bon-Pasteur, située sur le territoire de Laval-des-Rapides. Il demeure en poste jusqu’en 1923.

Eglise

L’avenue du Pacifique est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Laval-des-Rapides adoptée le 23 mars 1921. Cette rue avait précédemment porté le nom du boulevard Prince-de-Galles.

Son nom réfère à son emplacement géographique, étant donné que cette rue longe le chemin de fer de la compagnie du Canadien Pacifique.

Personnes faisant du Kayak

​L’avenue du Parc est nommée ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Laval-des-Rapides adoptée le 23 mars 1921. Cette rue avait précédemment porté le nom du boulevard Roi-de-Rome.

Le nom de l’avenue du Parc rappelle fort probablement l’ancien nom « Parc Laval » utilisé pour désigner le village qui allait devenir la municipalité de la ville de Laval des Rapides, en 1912.​

Le boulevard des Prairies est nommé ainsi en vertu d’une résolution du conseil municipal de la ville de Laval-des-Rapides, adoptée le 23 mars 1921. Cette rue avait précédemment porté le nom du chemin Principal.

Le nom de cette voie de circulation est fort probablement inspiré par sa proximité à la rivière des Prairies.

Rue à Laval des rapides

Laval-des-Rapides en images

Documents d’archives intégraux

Règlement 65, adopté en 1928 par la ville de Laval des Rapides, visant à encadrer l’élevage d’animaux à fourrure1

Règlement 115, adopté en 1942 par la ville de Laval des Rapides, conc​ernant l’élevage des animaux sur son territoire2.

  1. Source : Fonds de la cité de Laval-des-Rapides (M6/B3-60)  ↩︎
  2. Source : Fonds de la cité de Laval-des-Rapides (M6/B3-82) ↩︎